Niurka, membre de l’association Avec Toits et chroniqueuse littéraire, vous partage chaque mois ses livres coup de cœur sur les questions migratoires. Ouvrez ces fenêtres, pour lire le monde !
Ce mois-ci, elle vous présente une BD et un roman documentaire.
Bonne lecture !
L’Odyssée d’Hakim T01: de la Syrie à la Turquie.
Fabien Toulmé, Éditions Delcourt/Encrages, 2018.
L’histoire vraie d’Hakim, un jeune Syrien qui a dû fuir son pays pour devenir « réfugié ». Un témoignage puissant, touchant, sur ce que c’est d’être humain dans un monde qui oublie parfois de l’être. L’histoire vraie d’un homme qui a dû tout quitter : sa famille, ses amis, sa propre entreprise… parce que la guerre éclatait, parce qu’on l’avait torturé, parce que le pays voisin semblait pouvoir lui offrir un avenir et la sécurité. Un récit du réel, entre espoir et violence, qui raconte comment la guerre vous force à abandonner votre terre, ceux que vous aimez et fait de vous un réfugié.
Une série lauréate du Prix Franceinfo de la Bande Dessinée d’Actualité et de Reportage. (Source : l’éditeur)
Une Bande dessinée qui déroule une histoire terrible et qui touche de façon différente, celles et ceux obligés à l’exil. Il n’y a pas ici d’effets spectaculaires. Un dessin sobre, une parole simple mais une magnifique gradation dans l’inéluctable et impérieuse nécessité à l’exil. Il y a une véracité du propos qui provoque empathie et émotion. Un récit troublant qui n’épargne pas la révolte face à un monde incapable de gérer ses peuples de manière humaine.
Une B.D. qui comprend 3 volumes et qui peut être lue avec un intérêt constant par un large public.
Né pour partir.
Azouz Begag et Mamadou Sow, édition Milan, 2023.
Récit de Mamadou, migrant mineur de Guinée
« Mes copains de classe pensent qu’il m’a fallu beaucoup de courage pour accomplir cette expédition impossible. Je ne crois pas. C’est la chance et le sens du devoir qui m’ont sauvé des sables…C’était jeudi un jeudi de novembre 2015. J’avais quinze ans. Je n’oublierai jamais ce jour. De moi, mon cœur s’est détaché. Depuis, il pend à un élastique usé… »
Ce périple fut pour le jeune guinéen une épreuve terrible. Il parcourut dix mille kilomètres de son village Pilimini en Guinée Conakry jusqu’à Lyon, traversant les déserts, traversant la mer dans des conditions abominables où la faim, la peur, la cruauté cupide des passeurs ont laissé place à une accalmie arrivé en Europe. Parvenu à Lyon, une OQTF assombrit son espoir. Mais, fidèle au vœu de son père, il parvient à suivre des études. Cependant, les épreuves vécues sont lourdes et le mal du pays et de sa famille le rend douloureusement nostalgique. Il se promet d’y retourner. Si l’histoire contée par Mamadou est terrible, la langue d’Azouz Begag permet de faire vivre ce qu’a connu ce jeune garçon, parti à l’âge de 15 ans ayant fait l’expérience d’atrocités innommables mais également de solidarités, passant du désespoir à l’espoir et gardant, cependant, toujours à l’esprit la « mission » paternelle, aller en France pour étudier. Ce qu’il fit. Son désir de raconter son histoire à ses amis et sa rencontre avec Azouz Begag subliment ce récit bouleversant.
Une belle cartographie lisible permet de suivre le périple de Mamadou et des photographies illustrent le texte de manière sobre et parlante.
A lire et à faire lire.
A recommander pour adolescents et adultes.